Le loup est le fantôme du Grand Nord Ouest canadien. Le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest juste adjacents en abritent près de 15 000, soit plus du tiers de la population totale estimée au Canada. Nombreux, ils sont pourtant invisibles. Prédateurs redoutables et en concurrence avec les Premières Nations du Yukon, ils se retrouvent contre toute attente au coeur d’une écologie de la réconciliation.
C’est d’ailleurs un loup qui avait donné naissance à cette nouvelle impulsion de conservation que constitue l’initiative « Du Yellowstone au Yukon », initiative associée à toutes les opérations que nous suivons dans cette série. Un loup, équipé d’un GPS, qui avait révélé l’ampleur des déplacements réels de cet animal, plusieurs milliers de kilomètres! Un constat dès lors des limites de la politique de conservation des parcs nationaux.
Un animal ne connait pas de frontières et si l’on veut préserver la fonctionnalité d’un écosystème remarquable, il faut aussi assurer que les espèces en haut de la chaîne de cet écosystème, les grands prédateurs, puissent y déployer leur comportement naturel.
En dehors des parcs nationaux et dans les grands espaces du Yukon, l’Homme et le loup apprennent aujourd’hui à construire un avenir commun.
Ici, au Yukon, le suivi GPS des loups s’est multiplié. Certains trappeurs qui faisaient auparavant commerce de leur fourrure se retrouvent même aujourd’hui des auxiliaires précieux des scientifiques sur le terrain pour une meilleure connaissance de l’animal.
Au Nord du Cercle Arctique, le village d’Old Crow est le camp de base des Vuntut Gwich’in, l’une des 13 Premières Nations du Yukon. Old Crow est l’ultime frontière habitée de ce territoire canadien du Yukon.
Old Crow était jusqu’à récemment le point de passage régulier d’une grande harde de caribous arctiques. Et le caribou était la principale nourriture traditionnelle des Vuntut Gwich’in.
Depuis quelques années cependant, le caribou se fait rare dans les alentours d’Old Crow. Et le loup en revanche, plus présent.
Les loups ont dès lors été considérés par les Vuntut Gwich’in comme les responsables de la raréfaction des caribous.
Les missions de terrain des scientifiques auprès des caribous comme des loups montrent qu’il n’en est rien en réalité. Le réchauffement climatique est à l’origine de ce bouleversement.
Pour préserver leur nature et leurs terrains de chasse mis à mal par le réchauffement, les Vuntut Gwich’in ainsi que 3 autres Premières Nations ont obtenu la sanctuarisation d’une région voisine, le bassin de la Rivière Peel. Une région aux reliefs variés qui agira dès lors comme un refuge climatique, pour les caribous comme pour les loups.
Le bassin de la Rivière Peel constitue l’ancrage au Nord de toute l’initiative « Du Yellowstone au Yukon ».
Partenaire(s) : ARTE
Diffusion(s) : ARTE
Réalisateur(s) : Stéphane Jacques
Année : 2024 Durée : 52 minutes