Faire de la biologie de synthèse c’est faire ce que la Nature n’aurait jamais fait… Ou plutôt copier ce que la Nature nous a donné, en lui attribuant d’autres fonctions.
Certains produits issus de cette techno-science sont déjà sur le marché.
Dans la Silicon Valley et la baie de San Francisco, Jay Keasling, professeur de génie chimique et de bio-ingénierie à l’université de Californie à Berkeley et PDG du Joint BioEnergy Institute à Emeryville, produit une molécule contre la malaria. Jusqu’à présent la molécule de l’artemisinine utilisée dans les traitements contre cette maladie était extraite d’un petit arbuste rare. Jay a trouvé une autre manière de la produire, en modifiant le génome d’une levure. Comme on brasse la bière, il fabrique ce précieux médicament, soutenu par la fondation Bill et Melinda Gates. Ce produit est fabriqué à grande échelle, de quoi traiter 120 millions de personnes, et bien plus vite qu’avec les techniques traditionnelles.
Joel Cherry, directeur de recherches chez Amyris à Emeryville, dans son usine de Sao Paulo au Brésil au milieu des champs de cannes à sucre, se compare à un plombier qui modifie et détourne la tuyauterie des systèmes cellulaires. Il conçoit des microbes qui produisent un diesel à partir d’une molécule présente dans la peau de la pomme verte.
Evolva, en Europe, a développé des cellules capables de produire la molécule du safran, si convoité depuis des millénaires…
Mais la Biologie de Synthèse, ce n’est pas que des budgets à plusieurs millions de dollars d’investissement.
C’est aussi une autre manière de faire de la recherche, hors des sentiers battus. Thomas Landrain, étudiant en thèse de doctorat en Biologie Synthétique et fondateur de La Paillasse à Paris, fait partie de ces bio-hackers ou bio-geeks rebelles qui prônent l’open-source et la biologie de garage. La Paillasse est devenue l’un des plus grands bio hacker space du monde, un laboratoire ouvert, citoyen et communautaire, un espace de liberté pour l’innovation. Thomas Landrain conçoit une encre biologique non polluante qui remplacerait la cartouche de notre stylo, composée d’un bio-réacteur avec des bactéries produisant des pigments.
Dans ce même esprit, des jeunes universitaires du monde entier participent chaque année à la compétition de l’IGEM du MIT. Ils laissent libre cours à leur imagination pour concevoir des cellules aux propriétés innovantes, des plus sérieuses aux plus fantasques.
Au milieu de cette frénésie créative, Ed You veille. Il est superviseur dans l’unité de lutte contre les menaces biologiques à la direction des Armes de Destruction Massive du FBI.
Mais les craintes ne se limitent pas aux problèmes de sécurité.
Jim Thomas, directeur des programmes de l’ONG Etcetera Group, mesure l’impact des nouvelles technologies sur la société, l’environnement et l’économie. Il dénonce l’orgueil, la démesure et la naïveté des scientifiques… La biologie de synthèse signera-t-elle l’arrêt de mort des modes de fabrication traditionnels et des petits producteurs. Peut-on produire du vivant à grande échelle sans perturber l’écologie globale ? Peut-on réduire la vie à une machine ?
Partenaire(s) : Fact+Film
Diffusion(s) : France 5
Réalisateur(s) : Charles-Antoine de Rouvre et Jérôme Scemla
Auteur(s) : Charles-Antoine de Rouvre et Jérôme Scemla Année : 2016 Durée : 52 minutesFestival(s) :
SÉLECTIONNÉ:
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